Découvrez le billet qui accompagne une oeuvre ou l’annonce d’une exposition à venir. Restez à l’affût !
Sortir des sentiers battus
EN MODE EXPÉRIMENTAL SUPER GRAND FORMAT
Je vous raconte. En préparant INTERSIDÉRAL : d’un espace à l’autre (mon expo en cours au Cinéma BEAUBIEN de Montréal), j’ai ressenti un appel intérieur. Si tu te lançais un nouveau défi. Ça chemine. Je me demande pourquoi. Mais pour renouveler ta créativité. Ce n’est pas long que les habitudes nous enlisent dans un corridor étroit. Pour laisser s’exprimer les tréfonds qui n’en demandent pas mieux. Explorer, expérimenter, jouer à dessiner et peindre est une nécessité, pour toi comme pour d’autres artistes.
Ça fait un peu peur, je l’avoue. Sortir des sentiers battus. Quitter sa zone de confort. Propulser le geste jusqu’au moment où continuer risque de tout faire basculer. Laisser advenir ce qui jaillit du geste et de la spirale du regard. Continuer donc jusqu’à l’instant ‘magique’ où l’œuvre vit par elle-même.
Comme je me suis fait installer un panneau vertical 4 pi x 8 pi. qui me servira éventuellement pour n’importe quel format à la verticale, c’est LE moment. Ces prochaines semaines, toutefois, je me concentrerai sur le papier à dessin 42 x 84 po. Celui-ci vient en rouleau, 42 pouces de large x 10 verges de long. En tout, j’en ai pour 4 super grands formats et un de 42 po x 24po. On verra ensuite. C’est tout un défi, en fait c'est un ensemble de défis. Entre autres il faut s’éloigner souvent et assez loin pour apercevoir l’ensemble en devenir.
Voici donc ma première exploration. À un moment donné, je me suis demandé si ce n'était pas un hommage à Picasso et son Guernica ? Je me garde une petite gène..
Petite fiche muséo :
ARTISTE : LouB artiste
TITRE : GRAND FORMAT #1
SUPPORT : Papier à dessin (70 lbs)
MÉDIUM : Techniques mixtes
DIMENSION : 41 po x 84 po
STYLE : Expressionnisme gestuel
PROTECTION : fines couches de vernis mat
ANNÉE : 2025
Un peuple à venir
Voici la petite histoire de cette toile qui ne sait pas encore si elle est terminée !
Cette toile, dont le titre est emprunté à Deleuze, a déjà toute une histoire!
Au tout début, celles ceux qui l’ont likée en 2023 s’en souviendront peut-être, elle s’appelait Engrenage. Elle était assez aboutie. En photo, elle avait l’air terminé. C’est souvent le cas avec la photo d’une peinture qui a tendance à niveler les aspérités de la composition ou de la plasticité. À force de la regarder, quelque chose m’interpellait. Au fil du temps il y a donc eu Engrenage 2, Engrenage 3, Engrenage 4. Mais Engrenage 5 n’a pas survécu. Avec l’"overwork", elle s’est retrouvée enfermée par une accumulation de lignes de telle sorte qu’à un moment j’ai entrepris de l’en alléger, sans y parvenir à mon goût. Quelques six heures plus tard, les rouages de l’engrenage s’assombrissaient. Ils devenaient le fantôme de leur existence. Et les figures nouvellement tracées avaient l’air perdues dans tout ça. Après l’avoir postée sur Instagram, j’ai cru qu’elle était terminée. Non, l’élan de tracer des colonnes vertébrales à l’intérieur des figures s’est fait sentir. Et, le matin suivant, elle s'est de nouveau retrouvée sur la table de travail. Les feutres acryliques sortis du tiroir, tout un peuple de regards et d’êtres est né. Survivra-t-elle ? Cette toile est-elle terminée ? Il semble que oui jusqu'à ce que... En tout cas, longue vie à « un peuple à venir » !
Les pérégrinations d’une vie
Cette oeuvre pourrait se décrire ainsi.
Sur un fond de dégradés rosés, s’étend une constellation de bifurcations, avec des points de jonctions, des aires de rencontres. Elle poétise des circuits astronomiques ou astrologiques, comme on le veut. À l’arrière-plan, des sentiers roses entourés de lignes plus foncées constituent une carte de déplacements et des zones d’arrêt. Tandis qu’à certains endroits des figures stylisées de regards et d’êtres apparaissent souvent en anamorphoses. Enfin, devant, une circonvolution bleue surplombe l’ensemble des tracés, pistes ou sentiers avec des entourages de lieux ou de rencontres. Après-coup l’intrication de ces trajets me semble évoquer ce que Whitehead appelle « route historique ». Il faut lire dans le texte ce grand philosophe pour vraiment saisir ce qu’il entend par cette expression. Lors de ma fréquentation de sa philosophie, j’ai vulgarisée l’expression en trois niveaux de signification de l’expérience. Dans la vie. De vie. D’une vie (cf. Émersivité du corps en alerte, L’expérientiel 2, 2020, pp. 100-101). Aussi bien dire l’expérience concrète, l’expérience conscientisée et l’expérience récurrente. Plus on y réfléchit, plus on trouve de distinctions, de disruptions et de similitudes. C’est un peu tout ça, de manière abstraite, qui se retrouve stylisé dans Pérégrinations. Les regardant.e.s y verront librement ce que leur perception captera, leur sensibilité ressentira, et leur vécu associera. Même si après-coup on peut philosopher à partir de la réception de l’œuvre, c’est son langage plastique et iconique qui importe.