Découvrez le billet qui accompagne une oeuvre ou l’annonce d’une exposition à venir. Restez à l’affût !

Louise Boisclair Louise Boisclair

Un peuple à venir

Voici la petite histoire de cette toile qui ne sait pas encore si elle est terminée !

LOUB, Un peuple à venir, acrylique sur toile 16×20po, 2025, crédits photo Louise Boisclair.

Cette toile, dont le titre est emprunté à Deleuze, a déjà toute une histoire!

Au tout début, celles ceux qui l’ont likée en 2023 s’en souviendront peut-être, elle s’appelait Engrenage. Elle était assez aboutie. En photo, elle avait l’air terminé. C’est souvent le cas avec la photo d’une peinture qui a tendance à niveler les aspérités de la composition ou de la plasticité. À force de la regarder, quelque chose m’interpellait. Au fil du temps il y a donc eu Engrenage 2, Engrenage 3, Engrenage 4. Mais Engrenage 5 n’a pas survécu. Avec l’"overwork", elle s’est retrouvée enfermée par une accumulation de lignes de telle sorte qu’à un moment j’ai entrepris de l’en alléger, sans y parvenir à mon goût. Quelques six heures plus tard, les rouages de l’engrenage s’assombrissaient. Ils devenaient le fantôme de leur existence. Et les figures nouvellement tracées avaient l’air perdues dans tout ça. Après l’avoir postée sur Instagram, j’ai cru qu’elle était terminée. Non, l’élan de tracer des colonnes vertébrales à l’intérieur des figures s’est fait sentir. Et, le matin suivant, elle s'est de nouveau retrouvée sur la table de travail. Les feutres acryliques sortis du tiroir, tout un peuple de regards et d’êtres est né. Survivra-t-elle ? Cette toile est-elle terminée ? Il semble que oui jusqu'à ce que... En tout cas, longue vie à « un peuple à venir » !

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Les pérégrinations d’une vie

LOUB, Les pérégrinations d’une vie, acrylique sur toile, 16×20po, 2025, crédits photo Louise Boisclair

Cette oeuvre pourrait se décrire ainsi.

Sur un fond de dégradés rosés, s’étend une constellation de bifurcations, avec des points de jonctions, des aires de rencontres. Elle poétise des circuits astronomiques ou astrologiques, comme on le veut. À l’arrière-plan, des sentiers roses entourés de lignes plus foncées constituent une carte de déplacements et des zones d’arrêt. Tandis qu’à certains endroits des figures stylisées de regards et d’êtres apparaissent souvent en anamorphoses. Enfin, devant, une circonvolution bleue surplombe l’ensemble des tracés, pistes ou sentiers avec des entourages de lieux ou de rencontres. Après-coup l’intrication de ces trajets me semble évoquer ce que Whitehead appelle « route historique ». Il faut lire dans le texte ce grand philosophe pour vraiment saisir ce qu’il entend par cette expression. Lors de ma fréquentation de sa philosophie, j’ai vulgarisée l’expression en trois niveaux de signification de l’expérience. Dans la vie. De vie. D’une vie (cf. Émersivité du corps en alerte, L’expérientiel 2, 2020, pp. 100-101). Aussi bien dire l’expérience concrète, l’expérience conscientisée et l’expérience récurrente. Plus on y réfléchit, plus on trouve de distinctions, de disruptions et de similitudes. C’est un peu tout ça, de manière abstraite, qui se retrouve stylisé dans Pérégrinations. Les regardant.e.s y verront librement ce que leur perception captera, leur sensibilité ressentira, et leur vécu associera. Même si après-coup on peut philosopher à partir de la réception de l’œuvre, c’est son langage plastique et iconique qui importe.

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